Le mythe

Le Challenge Roth est une course format IronMan organisée en Allemagne près de Nuremberg. C'est une course mythique qui a longtemps partagé l'Aura mondiale du Triathlon longue distance avec l'Ironman d'Hawai. Et cela continue même si la "gloire" du long est différemment répartie de nos jours avec de trés nombreuses épreuves et de nouveaux défis orientés "Hors catégorie" (NorseMan, AlpsMan...).

Mais pourquoi donc un tel engouement ? L'épreuve n'est pas "difficile" (elle a d'ailleurs longtemps été une référence des triathlon IM rapides). Elle n'est pas dans un lieu d'exception (natation, dans un canal, vélo dans la campagne). Ce n'est pas forcément simple au niveau logistique....Et bien la réponse tient en un mot : Ambiance ! Et de l'ambiance, le Challenge en a à revendre avec 250 000 spectateurs sur le WE, du public partout, le fameux Solarberg et la folie de l'aire d'arrivée.

Et j'avoue que depuis mes débuts en triathlon vers 2006 avec la première licence club au TOCC, et bien j'ai effectivement entendu parler des tri format IronMan dont Hawaï, Nice et.... Roth. Pour l'anecdote, à l'époque je voyais un peu les participants de telles épreuves comme des surhommes et était assez impressionné d'en côtoyer dans le club.

Le site de l'épreuve: https://www.challenge-roth.com/home.html

Quelques années ont passé. Années ou j'ai enchainé progressivement les distances : Découverte, S, M, le premier L en 2012 puis ensuite vint la série des XXL dont le célébrissime Nice. Et pourquoi pas Roth ? Et bien principal écueil : tout est vendu en 3mn et en plus cela me parait assez compliqué d'aller courir au fin fond de l'Allemagne.

Et vlatipa qu'en 2019 le club de Saint Grégoire lance un objectif club ambitieux pour 2020 : Le Challenge Roth ! Je sortais du XXL de Tours donc banco ! Le jour J à l'heure H et même la seconde S, je me rue sur le site d'inscription... mais raté. Tant pis !

Vous ne l'ignorez pas en 2020, ça a été un peu la merde en particulier pour une orga consistant à coller 4000 coureurs et 200 000 spectateurs.... Donc tout tombe à l'eau. Dans le bordel ambiant nous réussions à ajouter une dizaine de participants club pour culminer à 35, ça promet du lourd... si ça revient un jour of course. 2021 est encore hésitant...ça va ? ça va pas ? les organisateurs décalent en septembre en mode COVID (des masques partout et bcp moins de fiestas). Une dizaine de Grégos vont décider d'y aller, on sera donc 25 pour l'édition 2022 dite "Normale".

La préparation

Avec un record perso sur IM de 12h30 (Vichy 2013 et Tours 2019), je me dit qu'il est le moment de faire péter un score en visant le Sub12. Ce n'est pas impossible en améliorant un chouye le vélo et surtout en baissant franchement la course à pied. Qui plus est Roth est connu comme une épreuve "rapide" (j'aurais eu un peu plus de mal à faire péter le sub12 à Embrun ;-))

Comme à chaque fois, je ne vais pas vraiment construire de parcours. Idéalement arriver à 80kg avec un bon gros volume et des sorties longues m'irait très bien. 

La prépa commence le 1/1 (bonnes résolutions quand tu nous tiens :-)). Je pars de 92kg, ce n'est pas glorieux. Janvier et Février seront les rampes de lancement. Suivront deux bons gros mois à 18/20h par semaine et l'arrivée des sorties longues, sans oublier le fameux stage SGT de Dinard. Certes la perte de poids n'est pas optimale mais je me présente à Carcans fin mai plutôt confiant.

La course de la confirmation

Egalement objectif club "décalé", le FrenchMan est idéalement placé pour se motiver avec une très belle épreuve, un lieu cool et une ambiance très balnéaire.
Résultat au delà des espérances avec 5h15 et un vélo à 35kmh qui a fait honneur au parcours très roulant du Médoc. Qui plus est j'ai agrémenté ce Half 180km de vélo en combinant train + bike donc tout va bien. Et bien.... pas si sur car une chute à la con sur la course à pied m'a un peu flingué le genou... et j'ai une sorte de petite infection sous cutanée sur la hanche (pas grand chose... et bien non)

le récit du Week End : cliquer ici

Et là c'est le drame

Alors que je me concentre sur le soin du genou....le "truc à la con" commence à être génant voire douloureux.. bon pas grave on verra. Le WE suivant , nous fêtons les 80 ans de mon père. Je pensais initialement y aller en vélo histoire de faire péter les 180km à 4 semaines de Roth mais le genou en décidera autrement.

Lors du Week End, tout va basculer avec la douleur qui monte d'un coup sur la hanche. Passae aux urgences, maison médicale et lundi soir le couperet tombe : hospitalisation et opération en semi urgence. Je me dis alors : ils vont m'enlever la merdouille et c'est terminé. Certes cela perturbe la préparation finale mais je le prends avec philosophie comme une espèce de coupure. Sauf que c'est plus compliqué que cela car j'ai littéralement un trou à la Carglass (2cm de diamètre et 1,5cm de fond). Autant dire que nager, qui plus est dans un canal pas super super propre. Quand à la course à pied et le vélo, pas pour l'instant mais pourquoi pas.

L'espoir bien maigre va totalement tomber 1 semaine plus tard. Il est totalement impossible d'obtenir une cicatrisation qui permettrait la natation. Sans compter que les 5 dernières semaines en mode coupure, c'est un peu trop. Donc la mort dans l'âme, je renonce.

Alors que faire ? Un moment j'ai essayé de revendre mon dossard mais les délais sont trop courts. Y aller ? Tout envoyer balader ? Ayant organisé depuis presque un an une méga colocation ainsi que le covoiturage... et bien je me dis, allons tâter du mythe même si c'est en mode supporter.

Le voyage et l'hébergement

 Au final nous serons trois pour un programme de 1250km (Pilou, Kévin et bibi). Trois triathlètes en goguette. Certes ce fut long, mais bonne ambiance et blagues de potaches. Route sous la pluie donc un peu pénible mais la motivation est là. On enfile les kms comme des perles avant, enfin, de rejoindre Nuremberg et notre premier pote arrivé en train dans l'après midi. Il nous met un peu dans l'ambiance : l'appart est cool et.... situé juste à coté de maisons closes et au dessus de Khebabs. Et merde.... dans quoi me suis je fourré, moi qui ai choisi ce grand logement situé en plein "site historique" (mais pas que à priori). Bon, on reste calmes, on verra. 

Le site 

 Dodo correct,  je me lève tôt pour aller refaire mon pansement et, en fin de matinée, on est partis pour Roth, ça commence à se concrétiser. On ne va pas se mentir, le site est costaud de chez costaud : une aire d'arrivée de bien 3000 places, un village immense avec plus de 100 stands de matos de folie, une zone de restauration en mode food truck bien sympa, et bien sur le big shop officiel.

Petit (ou bien gros ;-)) pincement au cœur lors de la récupération de mon dossard. Allez on reste sérieux, je ne vais pas aller acheter un équipement complet combi + vélo + tenue (c'est bon, j'ai mes runnings ;-)). C'est dommage car il y a tout ce qu'il faut :-).

Bon je vais quand même craquer sur le hoodie officiel après tout "j'y étais !". Tout mes colocataires se concentrent pour le jour J tout en appréciant la super ambiance.

La course comme spectateur

Roth se déroule sur deux sites : la natation + T2 d'un coté et à 10km environ T2 + course à pied. Donc direction le méga parc pour assister aux x vagues de départ (une dizaine je crois). Je serais accompagné de Karine, la femme d'un des concurrents qui découvre la discipline. Un premier temps proche du départ pour voir les pros terminer la nat et partir à fond les ballons sur des bike d'enfer. Suivront la première vague amateur constituée.... des seniors dont certains sont quand même bien affutés. Pour l'anecdote nous étions devant la partie du parc "Pros + Seniors" qui se vidait lorsque je remarque un vélo tout seul au loin. Et oui, c'est un VTT ! Certes à pneus "course" mais avec un bon guidon droit (on a fait mieux coté aérodynamisme). Autre moment super émouvant (j'avoue j'y ai versé ma petite larme) : la sortie de l'eau d'un mère qui va courir avec son fils lourdement handicapé. Donc natation en tractant un canoé gonflable et c'est parti pour 180km avec le remorque. Bravo.

2eme étape, nous grimpons sur le pont histoire de chopper nos amis lors du départ vélo. Chose quasiment réussie même s'il fallait se mettre en mode "photographe animalier" et ne pas louper les 2 secondes car, excités comme des puces, les concurrents passaient en un instant.

Alors que dans le canal les vagues se succèdent, ça défile sévère sur le pont. C'est le moment de basculer vers le fameux Solarberg. 3km plus loin nous accédons à la folie de la célèbre montée. Positionnés dans la partie haute on attend nos collègues. Les sourires parent les visages des cyclistes sortant de 900m d'applaudissements assourdissants. Sacré ambiance.

Retour ensuite sur le site principal pour l'arrivée des cyclistes dans un premier temps. C'est vrai que c'est long d'être supporter sur triathlon Ironman :-) . Et encore, là je suis accompagné, je soutient une vingtaine de grégos et en plus dans le triathlon le plus impressionnant du monde coté ambiance. Donc pas de quoi se plaindre. 

S'en suivra une longue phase près du km 30 pour voir passer les runners qui en chient avec le thermomètre flirtant avec les 35°. Retour dans le parc et surtout dans le stade bourré à craquer qui applaudit frénétiquement tous les finishers.

Et comme finisher on sera servi car le dernier sera Kevin du SGT. Or ce "dernier" (justement) est encore plus mis en avant avec traversée du parc avec un flambeau, grosse (mais alors là grosse) ambiance et remise de la médaille par la lauréate du jour (accessoirement championne du monde Ironman 2/3 ans avant). 

On se retrouve tous dans la tente athlète (oui, même moi qui ai eu la bonne idée de conserver mon pass au poignet ;-)) pour félicitations, embrassades, etc...

Puis c'est la dure loi de la logistique avec récupération des vélos dans le parc, retour à Roth, montée des vélos etc.... Réveil matinal le lendemain pour un looooong retour à Rennes. Heureusement pour moi, mes compagnons de route me lâcheront  à Paris because boulot. Petite anecdote, je vais me faire flasher par la police allemande dans la banlieue de Francfort. Sur un bout d'autoroute....ramené à 80km/h. Coup de bol dans une Allemagne aux autoroutes en mode open bar pour les kaïra en Série 5 trafiquée... je n'étais "que" à 93kmh. Je m'en tire donc avec 40E pour les œuvres de bienfaisance de la polizei.

Le bilan

Et bien ce fut bien cool de participer à cet évènement avec les gars du club. Cela m'a fait vivre une épreuve type IronMan de l'autre coté. Je ne regrette pas le budget investi (entre l'inscription et le voyage, on dépasse allègrement les 1000E...ouille, cela me fait mal aux fesses :-) ) ni le temps de route. Malgré la "priorité" aux participants 2022, je ne me suis pas inscrit pour 2023. Un peu trop loin à mon gout et c'est bon, j'ai mon mug "Challenge Roth" ;-)